EGOIST
Effusion des sentiments, scènes de sexe sans fard : très frontalement, EGOIST met à l’écran une réalité souvent ignorée par le cinéma japonais – car encore taboue dans une société patriarcale et très conservatrice – avec pour but, tout simplement, de raconter le plus banalement possible une histoire d’amour. Avec cette romance entre Kosuke, garçon taiseux qui a fui la campagne pour Tokyo et Ryuta, son coach sportif, EGOIST convainc immédiatement. Sans doute, justement, parce qu’avec sa caméra au plus près des corps et des visages de ses excellents comédiens, Daishi Matsunaga n’élève aucun paravent, aucun voile de pudeur. Cette sincérité fait un bien fou, d’autant que le film bouscule rapidement certaines attentes des spectateurs : le récit prend des décisions surprenantes, certaines difficiles, mais toujours dans l’intérêt de voir cette belle et complexe relation s’épanouir. Jusqu’à ce que EGOIST soit rattrapé par les passages obligés et par ce que le cinéma impose trop souvent aux amours LGBTQI+ : la tragédie. Ici, elle se comprend d’autant moins qu’elle n’est pas le résultat – qui serait presque logique – de la pression de forces sociétales extérieures, mais juste d’un destin malheureux. EGOIST apparaît là forcé, facile. Il se rattrape toutefois en basculant, avec une certaine grâce, vers une étude de personnage dense et tortueuse.
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De : Daishi Matsunaga
Avec : Ryohei Suzuki, Hio Miyazawa, Sawako Agawa, Yuko Nakamura
Pays : Japon
Durée : 2h