Cannes 2025 : VIE PRIVÉE

Lorsqu’une hypnothérapeute lui dit qu’elle la sent prête à s’abandonner, Lilian Steiner, psychiatre, rétorque : « C’est bien la première fois qu’on me dit ça ». Et pour cause : cette quinqua divorcée, fuyante avec son fils, est tout en contrôle. Jusqu’à ce qu’une de ses patientes se suicide. Comment a-t-elle pu passer à côté ? Il doit forcément y avoir une autre explication : sa patiente a été assassinée !, se dit-elle. Alors Lilian enquête et peu à peu, perd tout contrôle sur la situation et sur sa vie. Raconté comme ça, VIE PRIVÉE pourrait sonner comme un thriller hitchcockien étouffant. Mais non. Rebecca Zlotowski confectionne ici un drôle d’objet qui traite de choses sérieuses avec une légèreté surprenante : sur une musique cocasse qui abuse des castagnettes, Lilian s’affiche en mélange entre Miss Marple et Fantômette dans une ambiance très « cosy mystery ». La chose est plutôt agréable à suivre d’autant que Jodie Foster – en français dans le texte – maîtrise à la perfection l’ironie guindée de son personnage, et forme un joli duo avec Daniel Auteuil. Tout ça finit toutefois par vite tourner en rond puis frise le dérapage incontrôlé lorsque l’enquête de Lilian la mène vers des délires à la SCOOBY-DOO et des histoires de vies antérieures. Un personnage insaisissable, dont le lâcher prise apparaît si ce n’est forcé, un poil précipité, et auquel on peine d’autant plus à s’attacher que ses failles finissent par flirter très clairement avec l’incompétence.