Cannes 2025 : JEUNES MÈRES

23/05/2025 - Par Aurélien Allin
Après le ratage TORI & LOKITA, les frères Dardenne reviennent avec un sujet fort. Dommage que le traitement se perde dans leur désir d’exhaustivité.

Dans un foyer pour jeunes mères, des adolescentes doivent gérer leur grossesse précoce ou l’éducation de leur nourrisson. Toutes font face à des obstacles sociétaux, familiaux ou intérieurs. Impossible de reprocher à des cinéastes d’avoir leur style et leur singularité mais les frères Dardenne sont, à ce sujet, un cas intéressant : à leurs heures de gloire que sont ROSETTA, LE FILS ou L’ENFANT, leur dispositif ultra naturaliste avait, si ce n’est inventé une esthétique, porté avec puissance leur désir d’un cinéma social et engagé. Au fil des ans, même s’ils ont toujours su toucher ou convaincre avec des histoires ou des mécanismes captivants, comme dans DEUX JOURS, UNE NUIT, leur utilisation de la caméra portée et de la lumière naturelle a fini par se dévitaliser. Ce qui engendrait auparavant une urgence apparaît désormais comme un réflexe de Pavlov sans réelle intention, ni grand impact. JEUNES MÈRES ne déroge pas à cet épuisement et peut donc avant tout compter sur son sujet, traité avec une certaine sobriété. En dépit de quelques excès de pathos (notamment dans la trame sur une ex-toxicomane SDF), JEUNES MÈRES se révèle ainsi moins enclin à faire des personnages des pantins de leurs tragédies que TORI & LOKITA. Le film interroge alors tout ce qui, dans la maternité et la parentalité, tient de la lutte des classes et du déterminisme. Passionnant sur le papier. Surtout dans les mains des Dardenne. Les frères butent toutefois sur leur souci – louable – d’exhaustivité. À vouloir balayer une multitude de cas et de situations – le récit suit quatre jeunes filles – ils les condamnent tous et toutes à une légère superficialité. Au centre de ces multiples histoires en trône pourtant une qui dit tout avec aisance, force dramaturgique et précision du propos : celle d’une adolescente (remarquablement campée par Janaïna Halloy Fokan) qui refuse de faire les mêmes erreurs que sa mère et, pour cela, assume de très difficiles décisions. Un beau et éventuel grand film résidait peut-être là, si tant est que cette trame ait pu totalement s’épanouir.

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Sortie : 23.05.25
Réalisateur : Luc et Jean-Pierre Dardenne
Avec : Janaïna Halloy Fokan, Lucie Laruelle, Babette Verbeek, Elsa Houben
Pays : Belgique
Durée : 1h45
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