Cannes 2025 : HONEY DON’T !
C’était sympa, DRIVE-AWAY DOLLS, road movie de deux lesbiennes en goguette pourchassées par des malfrats (une histoire de convoi de voitures et de mallette dans le coffre un peu longue à expliquer). Le film avait la gouaille de THE BIG LEBOWSKI, certaines de ses embardées psychédéliques aussi, et le duo Margaret Qualley / Geraldine Viswanathan fonctionnait à plein. Court (1h24), ce petit moment de magie assez drôle ne se prenait pas pour plus qu’il était : une comédie inoffensive, rigolote et féministe. Ethan Coen et Tricia Cooke, partenaires à la vie comme au boulot, tentent de reproduire ce petit coup de génie, avec HONEY DON’T !, un polar qui voit une détective privée nommée Honey (Margaret Qualley) enquêter sur la mort d’une femme, membre d’une congrégation religieuse menée par un gourou obsédé par le cul, puis plus tard sur la disparition de sa propre nièce. Le lesbianisme joyeux de DRIVE-AWAY DOLLS laisse place à une humeur plus retorse et même si Honey est un personnage brillant, qui vient dynamiter la figure du privé avec une coolness incroyablement sexy et un phrasé convaincu, l’enquête n’est jamais vraiment à sa hauteur – il s’agit là, comme dans THE BIG LEBOWSKI d’ailleurs, d’un prétexte à créer, dessiner, faire parler et interagir pleins d’heureux archétypes, ici de film noir, revus à une sauce moderne. Pas facile pour les comédiens de disparaître derrière des rôles si silhouettés tout en leur insufflant un supplément d’âme et d’humour et un poil de personnalité. Si Margaret Qualley est née pour être Honey et que Charlie Day joue particulièrement bien les détectives hétéro-lourds mais charmants, s’en sortent beaucoup moins bien Chris Evans, pas très marrant dans le rôle du prédicateur priapique, et Aubrey Plaza, en stéréotype de butch, avec son sempiternel air mal vissé. Le plot, plein de Macguffins et de pistes fuyantes, intrigue d’abord et lasse ensuite, des personnages – si ce n’est des pistes dramaturgiques – étant complètement abandonnés en cours de route. Rigolo parce qu’il y a un peu de cul et des dialogues ciselés par une plume vive et maline, HONEY DON’T ! est finalement assez long pour un film de moins d’une heure et demie. Mis en scène sans grand génie, se fiant uniquement aux interprétations, le film bégaie des scènes entières sans parvenir à aucun comique de répétition alors qu’il répète ses décors et ses cadrages. On est étonnés par le manque d’ambition formelle qui aurait pu clairement honorer sa galerie de personnages.
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Réalisateur : Ethan Coen
Avec : Margaret Qualley, Aubrey Plaza, Chris Evans, Charlie Day
Pays : États-Unis
Durée : 1h30