Cannes 2024 : MARCELLO MIO

22/05/2024 - Par Renan Cros
D’un postulat étonnant, Christophe Honoré tire une fantaisie sur le deuil et les fantômes d’une vie, drôle, libre mais surtout d’une infinie délicatesse.

Dans sa pièce « Le Ciel de Nantes », Honoré convoquait, grâce à des acteurs phénoménaux, les fantômes de sa famille dans un récit qui exorcisait les traumas et les non-dits. Avec MARCELLO MIO, il offre le même dispositif à Chiara Mastroianni, actrice et amie, comme son propre double. Avec un postulat étonnant : Chiara, fille de, craque. Hantée par le fantôme et la figure écrasante de son père, elle décide de s’effacer et de le laisser prendre toute la place. Elle devient Marcello, sous l’œil inquiet de sa mère Catherine Deneuve et de son ex Benjamin Biolay… Drôle d’abord, le récit devient très vite quelque chose de plus douloureux, de plus intime et tout ça avec une grâce et une invention folles. Car en convoquant ce fantôme, en obligeant tout le monde à « jouer le jeu », Chiara réveille le passé, l’interroge et chacun d’être alors confronté à sa propre mélancolie. Traversé d’hommages au cinéma italien, Fellini en tête, le film échappe sans cesse à son propre sérieux par une écriture alerte, une fantaisie joueuse, offrant à tous ces visages célèbres (tous parfaits) un alter ego au bord du vrai qui rend chaque scène à la fois intime et toujours surprenante. On ne sait jamais d’où le rire et l’émotion vont surgir. On est constamment étonné, ému, enchanté de ce que ce film réussit à convoquer, avec l’élégance de l’humour, le charme de la beauté, sur l’écran. Du cinéma comme art de se consoler et pourquoi pas, faire la paix.

Partagez cette chronique sur :
Sortie : 21/05/24
Réalisateur : Christophe Honoré
Avec : Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve, Benjamin Biolay
Pays : France
Durée : 2h
Partagez cette chronique sur :

Découvrez nos abonnements

En formule 1 an ou en formule 6 mois, recevez Cinemateaser chez vous !