BLACK BOX DIARIES
Avec BLACK BOX DIARIES, Shiori Ito adopte un point de vue finalement assez rare, que le titre de son documentaire expose parfaitement : il s’agit d’une enquête et d’un journal intime, où Ito est à la fois l’investigatrice et le sujet. En 2015, cette journaliste japonaise est violée, via soumission chimique, par un confrère très respecté – et accessoirement proche et biographe du Premier ministre de l’époque, Shinzo Abe. Lorsqu’elle voit l’enquête mise de côté par les autorités, Shiori Ito décide de se battre, très publiquement, en dépit de tout ce qu’elle a à perdre en le faisant, et consigne sa lutte avec sa caméra. Documentaire au long cours tourné sur 8 ans, peinture de très peu de hauts et de nombreux bas, BLACK BOX DIARIES se fait ainsi autant objet politique décortiquant les mécanismes de la violence sexuelle, du patriarcat et de la corruption, que chronique éreintante du quotidien de la jeune femme – près d’une décennie de peur, de doutes, de souffrances et de larmes condensée en 102 minutes. S’il était resté qu’un documentaire intime et personnel, BLACK BOX DIARIES aurait déjà été d’une grande puissance. Mais le plus marquant réside pourtant dans sa capacité à dépasser cette intimité pour faire le portrait de tout un pays, le Japon, et encore plus largement, de schémas universels dont on découvre encore aujourd’hui – par exemple avec le procès Pelicot – toute la sordide étendue.
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Réalisateur : Shiori Ito
Pays : Japon
Durée : 1h42