BAD BOYS RIDE OR DIE
Parce qu’elle évolue dans le buddy movie, genre où les contraires se frictionnent, s’attirent et se complètent comme dans une screwball platonique, la franchise BAD BOYS a toujours entrelacé l’action à la comédie. Un ADN assumé jusque dans le choix de son duo vedette : Will Smith et Martin Lawrence, tous les deux devenus des stars en faisant rire, le premier avec la sitcom LE PRINCE DE BEL AIR, le second dans le stand up. Étrangement, l’humour n’est pourtant pas le fort de la franchise et ce, depuis le début – les saillies comiques du premier film n’ont clairement pas résisté aux avancées sociétales. Un constat ici renouvelé puisque le premier acte de BAD BOYS RIDE OR DIE gêne : un caméo amuse (un cinéaste au volant de sa Porsche) quand un autre désespère (un célèbre Tiktokeur), Martin Lawrence n’a plus le tempo et Will Smith, bien trop connu (et doué) pour ces bêtises, peine à apparaître à l’aise dans ce déluge de vannes pas très bien écrites ou de situations déjà vues, en mieux – RIDE OR DIE nous refait dès son introduction le coup de l’épicerie du premier volet. Mais à l’image de la réplique de ce méchant se lamentant que « ces gars-là refusent de mourir », BAD BOYS RIDE OR DIE parvient à surmonter son début raté et ses lacunes comiques grâce à ce qui reste sa qualité première : l’action débridée et décomplexée. Surtout qu’avec les Belges Adil El Arbi et Bilall Fallah, à la fois malins et enthousiastes, BAD BOYS a trouvé depuis son troisième volet de parfaits ambassadeurs. Non, BAD BOYS RIDE OR DIE, tout comme BAD BOYS FOR LIFE, ne parvient pas à la virtuosité qui était celle de Michael Bay. Mais le duo, en dépit d’une intrigue passe-partout qui pousse les deux flics de Miami à partir en cavale pour laver leur nom et celui de leur capitaine défunt, emballe le tout avec dextérité. Ils convoquent à la fois l’identité de la saga telle que dictée par Bay – tout est vitesse et mouvement –, et assument la leur, faite de couleurs criardes, de néons et d’une grande contemporanéité. Armés de mille petites ou grandes idées, fines ou baroques, Adil & Bilall n’abdiquent jamais devant le tout-venant et cherchent constamment de nouveaux moyens de mettre en scène l’action – entre découpage sec et mouvements amples, emprunts aux jeux vidéo à la première personne et usage de drones FPV. Un déluge d’images qui ne passeront peut-être pas l’outrage du temps mais qui, sur le moment, permettent à BAD BOYS RIDE OR DIE de respecter et d’assumer le contrat évoqué par le « ride » du titre : on est ici dans un manège de fête foraine. Et c’est plutôt amusant.
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Réalisateur : Adil El Arbi & Bilall Fallah
Avec : Will Smith, Martin Lawrence, Vanessa Hudgens, Alexander Ludwig
Pays : États-Unis
Durée : 1h55