AVATAR : DE FEU ET DE CENDRES

16/12/2025 - Par Aurélien Allin
AVATAR 3 répète ses deux prédécesseurs mais mène à bien leurs fils narratifs avec une maîtrise technique et un impact émotionnel indéniables.

Le troisième volet d’AVATAR présente les stigmates de bien des films tournés à la suite de leur prédécesseur. Ainsi, DE FEU ET DE CENDRES a parfois des airs de redite, si ce n’est de relecture, de LA VOIE DE L’EAU. Qu’il apparaisse redondant dans certaines thématiques n’a rien d’étonnant : James Cameron, ici, continue de dérouler les fils narratifs des deux premiers volets. Qu’il bégaie des scènes déjà vues – comme ce débat, très animé, entre aînés Na’vis et leurs enfants sur le sort à infliger à Payakan – surprend davantage. DE FEU ET DE CENDRES ne serait-il, alors, qu’un épisode 2.5 ? Non, bien sûr, car James Cameron reste un créateur de mondes hors pair, un auteur de spectacles dont l’ampleur n’appartient qu’à lui. Alors en dépit de tout ce que DE FEU ET DE CENDRES répète, mettant parfois à mal l’efficacité de son récit et la justification de sa durée – 3h17 qui passent tout de même comme un battement de cils –, et même si l’on espère que les possibles AVATAR 4 et 5 sauront se renouveler, ce troisième épisode sait innover.

Il assume par exemple pleinement des envolées franchement psychédéliques, très réussies et évocatrices ; il présente une nouvelle méchante fascinante, Varang ; et apparaît finalement tout aussi euphorisant et généreux que LA VOIE DE L’EAU. Et peut-être toujours plus immersif grâce à sa maestria technique époustouflante – la cohésion entre prises de vues réelles et CGI, à un tel niveau de perfection, n’a sans doute pas de précédent. James Cameron a même l’air d’user des similarités entre LA VOIE DE L’EAU et DE FEU ET DE CENDRES comme d’un raccourci rassurant : en terrain connu, le spectateur se croit à l’abri de toute surprise, de tout détour, mais le cinéaste, lui, explore jusqu’au bout ses intrigues et thématiques.

Qu’il regarde dans le blanc des yeux la souffrance de sa famille vedette et les chemins que chacun prend pour panser son deuil ou qu’il lance l’offensive ultime contre l’impérialisme et la colonisation, Cameron n’hésite pas, ne s’excuse pas, et convoque des émotions fortes, brutales, tranchées. Il faut voir la haine qui dévore Neytiri, la culpabilité qui pousse Lo’ak aux pensées les plus noires, les dilemmes qui hantent Jake pour constater, les tripes et la gorge nouées, que ces personnages existent bel et bien, autant grâce à l’interprétation habitée des acteurs qu’à la virtuosité technique, qui officient main dans la main. Ces émotions parsèment un film qui, et c’est encore plus notable, se sert du spectacle démesuré qu’il échafaude (l’attaque d’une base humaine, l’offensive aérienne et kamikaze des Na’vis de feu, la bataille finale), pour diffuser un propos d’une grande radicalité. Face au mal qui broie, écrase, oppresse et assassine, ce mal récurrent qui ponctue inlassablement l’histoire de l’humanité, James Cameron, avec une conviction assez remarquable et courageuse, refuse le compromis. Il a beau assurer que « la lumière revient toujours », il n’en signe pas moins son film le plus ouvertement incendiaire.

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Sortie : 17.12.25
De : James Cameron
Avec : Zoe Saldaña, Sam Worthington, Britain Dalton, Oona Chaplin
Pays : États-Unis
Durée : 3h17
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