37 : L’OMBRE ET LA PROIE
C’est aux deux tiers du film, quand les premiers mystères s’éclaircissent que l’on commence à tiquer. Que veut finalement nous dire Arthur Môlard sur cette jeune femme enceinte, apparemment psychotique, qui après avoir tué un routier en prend un second en otage ? Sans trop en dévoiler, il semble y avoir une erreur de regard, une empathie mal placée voire absente, qui sème la confusion sur l’endroit d’où le réalisateur raconte son histoire. Cocher les cases de la diversité et des nouvelles représentations, super ; savoir exactement ce qu’on filme, si possible avec le cœur, c’est encore mieux. Et pourtant, difficile de balayer ce premier long-métrage qui n’a jamais l’air d’en être un. Fabriqué pour un million d’euros, 37 n’est jamais victime de ses petits moyens. Arthur Môlard contient son histoire, qui repose en grande partie sur un face-à-face entre deux personnages, dans des lieux clos – la cabine d’un 33-tonnes, un bar fermé, une départementale déserte. Pour augmenter la tension, le monde extérieur n’existe qu’hors-champ. Il y a aussi un évident talent de direction d’acteurs : Mélodie Simina, très gros charisme, tient de main de maître sa ligne d’ambiguïté et Guillaume Pottier, bien casté, attire immédiatement la sympathie, dans un rôle pas facile de gros bonhomme vulnérable. Solide et rondement mené, 37 pâtit simplement d’une caméra qui ne filme pas exactement ce qu’elle voudrait dire.
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Réalisateur : Arthur Môlard
Avec : Guillaume Pottier, Mélodie Simina, Ary Gabison, Claire Patronikn
Pays : France
Durée : 1h33