BRIEF HISTORY OF A FAMILY

Ancien brillant étudiant en biologie, Jian-jie Lin a gardé de son ancien cursus le goût d’opposer macro et micro. La famille qu’il va étudier au microscope dans son premier film est donc autant lisible à l’échelle sociale qu’à l’échelle cellulaire. Ainsi, Shuo, gamin solitaire, infiltre la famille de Wei, un camarade de classe, comme un virus. Il va phagocyter les relations de son nouveau copain avec ses parents qui voient en Shuo ce deuxième enfant que la politique chinoise leur a longtemps interdit. Les scènes s’enchaînent où Jianjie Lin remplace savamment (et souvent hors champ) Wei par Shuo dans la dynamique familiale et aussi dans l’appartement, manifestant d’un sens du cadre insolent pour un débutant. Visuellement, Jianjie Lin impressionne mais ayant longtemps étudié à l’étranger, le point de vue qu’il adopte sur son propre pays est aussi singulier que curieux. Son gamin intrigant représente, socialement, tous les enfants jamais nés mais désirés pendant plus de 30 ans et BRIEF HISTORY OF A FAMILY de revêtir les atours d’un film de fantômes, urbain et bourgeois, loin des tropes du cinéma chinois contemporain souvent rural et prolétaire. Les repères autant troublés par la subversion des codes que par l’originalité du regard, le spectateur est sans cesse appelé à remettre en question ce qu’il croit savoir de l’histoire, Jianjie Lin ne lésinant jamais sur le post-modernisme de sa réalisation.