Cannes 2025 : LA VENUE DE L’AVENIR

22/05/2025 - Par Renan Cros
Tentative de réconcilier hier et aujourd’hui, le nouveau Klapisch est plein de bonnes intentions mais se perd trop souvent en chemin.

À l’heure où les films d’auteur semblent être tous passés à la moulinette des commissions d’aide qui les formatent, on ne peut pas reprocher à Cédric Klapisch l’ambition de son nouvel opus. Une idée purement romanesque que seul le cinéma peut incarner : lier ensemble deux époques, deux histoires et les faire dialoguer par la magie du montage. D’un côté, une troupe de citadins d’aujourd’hui qui se découvrent héritiers d’une maison abandonnée en Normandie. De l’autre, Adèle, jeune femme qui décide à la toute fin du XIXe siècle de partir à Paris. Un trajet dans les deux sens qui permet à Klapisch d’interroger les croyances d’hier, les désillusions d’aujourd’hui et d’essayer de montrer la permanence des émotions dans l’Histoire. Tandis qu’Adèle cherche qui elle est dans les rues de la capitale en pleine transformation, les citadins d’aujourd’hui apprennent à se parler à nouveau en regardant le passé. L’idée est belle mais l’exécution manque hélas de finesse. Dès la scène d’introduction où Klapisch filme des gens en train de se photographier devant « Les Nymphéas » de Claude Monet plutôt que de regarder le tableau, le trait est trop lourd. Comme si attraper simplement l’air du temps lui semblait trop fragile, le cinéaste surligne. Dès lors, ce qui pourrait être un joli film romanesque se transforme en édito appuyé. La modernité d’hier, le passéisme d’aujourd’hui, tout est un éternel recommencement, le temps passe inexorablement. D’accord. Et ? Comment ne pas lever les yeux au ciel devant ces répliques lourdaudes (« J’ai un phone mais il n’est pas smart »), quelques raccords en forme de raccourcis douteux (les influenceuses / les maisons closes) voire des séquences explicatives dignes de films pédagogiques (Jamy, explique-nous l’impressionnisme) ? Pour autant, en faisant un peu le tri dans ce didactisme, et en s’agrippant notamment au duo très balzacien d’artistes en goguette mené par Vassili Schneider et Paul Kircher, ou encore la recherche du beau d’Abraham Wapler, il y a dans LA VENUE DE L’AVENIR de jolis moments, simples et justes, qui racontent l’éternel désir de la jeunesse de se faire une place. Et tandis que Zinedine Soualem prend sa retraite de professeur, Klapisch réussit à émouvoir avec ce collège qui l’applaudit. Une séquence qui dit tout sans avoir besoin d’appuyer : une vie, aussi simple soit-elle, laisse toujours une trace.

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Sortie : 22.05.25
Réalisateur : Cédric Klapisch
Avec : Suzanne Lindon, Vincent Macaigne, Julia Piaton, Abraham Wapler
Pays : France
Durée : 2h04
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