THE ELECTRIC STATE
THE ELECTRIC STATE base son récit sur une uchronie : les robots inventés par Disney pour ses parcs ont vite été produits en série afin de servir les humains. Jusqu’à ce que les machines se révoltent et réclament des droits, engendrant une vague de haine à leur encontre puis, en 1992, sous la présidence Clinton, une guerre. Deux ans plus tard, les humains ont triomphé, les robots sont parqués dans le désert américain. Ce contexte, THE ELECTRIC STATE l’explique par le menu, via un mélange de fausses archives entremêlant la réalité du film et la nôtre, long reportage didactique à l’adresse du spectateur. Même s’il tente d’insuffler quelques blagues méta – Kid Rock organise une fête chez lui quand les robots sont vaincus –, le procédé n’en reste pas moins d’une grande raideur. D’autant qu’ensuite, le film doit encore exposer ses enjeux narratifs : Michelle, qui croyait avoir perdu sa famille dans un accident, apprend que son frère Christopher est en vie. Avec l’aide de Keats, un contrebandier solitaire, elle va tenter de le retrouver… THE ELECTRIC STATE ne sort jamais de cette raideur, comme ankylosé par ce qui semble être son cahier des charges : un maximum d’effets visuels (d’une perfection assez folle), des références évidentes (Michelle découvre un robot dans une scène lorgnant vers les éclairages d’Allen Daviau dans E.T. ; Keats porte un gilet noir à la Han Solo, etc.) et l’espoir d’un énorme spectacle, ample et fédérateur, mâtiné d’un regard actuel sur le monde avec les CEO de la Tech en guise de grands méchants fascisants. L’intention est louable. Mais rien ne prend. Outre le fait que l’ultra-futurisme de certaines technologies côtoient, sans la moindre espèce de crédibilité, d’autres plus rudimentaires – le mail en 56K –, THE ELECTRIC STATE peine à imposer son rythme. La faute, notamment, à une écriture mécanique, presque mathématique, déclinant des modèles dramaturgiques qu’elle ne parvient jamais à moderniser ou à commenter. Ou des choix artistiques manquant cruellement de personnalité – des versions instrumentales, à la WESTWORLD, de tubes déjà entendus ailleurs, comme « Don’t Stop Believin’ » de Journey. Qualifier THE ELECTRIC STATE d’œuvre algorithmique serait trop facile, trop réducteur. Alors disons que, contrairement aux machines qu’il met en scène, le film n’a tout simplement pas de cœur, à l’image de la prestation de Millie Bobby Brown, actrice toute en technique qui, ici, ne parvient jamais à véhiculer la moindre émotion authentique ou touchante. THE ELECTRIC STATE se rêve en néo-Spielberg, entre A.I. et READY PLAYER ONE, il n’en est qu’une déclinaison désincarnée.
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Réalisateur : Joe et Anthony Russo
Avec : Millie Bobby Brown, Chris Pratt, Stanley Tucci, Ke Huy Quan
Pays : États-Unis
Durée : 2h08