MARMAILLE

03/12/2024 - Par Emmanuelle Spadacenta
À La Réunion, la difficile reconstruction de deux adolescents que leur mère a mis à la porte. Du cinéma social jamais plombant.

Ce n’est pas comme si l’Outre-mer manquait d’histoires à raconter, de spécificités à partager, de regards singuliers sur la France. C’est une bonne nouvelle quand débarque un film réalisé par un cinéaste réunionnais, pour une histoire réunionnaise avec un casting réunionnais. Et dialogué en créole réunionnais. Il n’y a aucun exotisme racoleur dans ce MARMAILLE, mais un regard très cru sur la vie de ces jeunes qui, situation banale a découvert Grégory Lucilly à l’écriture, se retrouvent livrés à eux-mêmes. C’est le cas de Thomas (Maxime Calicharane, une révélation), B-boy qui rêve de grands championnats de breakdance loin de son île. Cette échappée belle prend du plomb dans l’aile quand, avec sa sœur jeune maman, ils sont mis à la porte du foyer par leur mère. Ils sont d’abord placés chez leur père, qui a refondé une autre famille. Elle, tente de renouer avec le géniteur de son enfant ; lui devient un petit délinquant. Grégory Lucilly a donné à Thomas le « caractère fougueux et sauvage » de son île. Sans repère avec les femmes, il porte une colère et une brutalité qui traversent tout le film : soudain, Thomas peut exploser dans de viscéraux et grâcieux pas de danse en pleine rue. C’est rare, et donc précieux, de voir un film aussi solaire et lumineux drainer autant de chagrin et de solitude. Mais ce cinéma social, jamais misérabiliste, est politique de revendiquer haut et fort son identité.

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Sortie : 04.12.24
Réalisateur : Grégory Lucilly
Avec : Maxime Calicharane, Brillana Domitile Clain, Vincent Vermignon, Délixia Perrine
Pays : France
Durée : 1h32
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