ANIMALE
Dans son court-métrage documentaire UN MONDE SANS BÊTES, Emma Benestan se penchait sur l’univers des manadiers, éleveurs camarguais de chevaux et bovins. Elle y revient dans ANIMALE, pour un récit cette fois fictionnel à haute dose fantastique. Nejma se prépare à sa première course camarguaise. Bientôt, la saison estivale est mise en danger par la découverte d’un cadavre, imputé à un taureau… Le risque, dans le « cinéma d’auteur français de genre » (pour catégoriser bêtement les choses), est qu’il aborde le fantastique du bout des lèvres au mieux, avec snobisme au pire. Rien de tout ça dans ANIMALE. Le récit prend un peu trop de temps à se déployer, tournant autour d’une énigme aux ressorts assez clairs. Mais grâce à la performance dévorante de charisme d’Oulaya Amamra, à l’indéniable sens visuel de Benestan et à un symbolisme évocateur – Nejma pénètre de nuit le territoire des taureaux comme dans une sombre forêt d’un conte des Grimm –, ANIMALE capte l’attention. Une implication du spectateur que Benestan ne trahit pas : passés trois quarts d’heure, son récit ne fait plus de mystère et bascule plus franchement dans le fantastique. Elle retient néanmoins avec efficacité les saillies horrifiques qui accompagnent au final son climax, où la métaphore centrale du film finit presque par tenir de l’intersectionnalité. Et ANIMALE de se conclure sur un grand et saisissant cri de rage.
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Réalisateur : Emma Benestan
Avec : Oulaya Amamra, Damien Rebattel, Vivien Rodriguez, Claude Chaballier
Pays : France
Durée : 1h40