LE ROBOT SAUVAGE

09/10/2024 - Par Aurélien Allin
Après un passage par le live action, Chris Sanders revient à l’animation et repousse encore les limites de son cinéma. Une splendeur.

De LILO & STITCH au ROBOT SAUVAGE, de DRAGONS aux CROODS en passant par L’APPEL DE LA FORÊT, Chris Sanders s’évertue depuis plus de vingt ans à creuser la même thématique : le défi du vivre-ensemble, à travers des histoires d’amitié entre espèces. À ce titre, LE ROBOT SAUVAGE vient en complément de L’APPEL DE LA FORÊT, avec, en son cœur dramatique, le mouvement d’un personnage vers la nature. Dans l’adaptation du roman de Jack London, le retour d’un chien domestiqué à son ADN profond. Ici, une machine conçue pour aider les Hommes, le robot Roz, échoue sur une île occupée par des bêtes et va outrepasser sa programmation, apprendre des autres, leur enseigner sa bienveillance, adopter l’oie Joli-Bec et l’aider à voler, et ainsi trouver son rôle et sa part sauvage insoupçonnée. LE ROBOT SAUVAGE adapte intelligemment le roman jeunesse de Peter Brown, qui apparaissait fait pour Sanders notamment parce qu’il traite de vérités existentielles déchirantes. Tout comme DRAGONS, LE ROBOT SAUVAGE ne dissimule ni n’édulcore aucune émotion, même les plus dures, et ce même s’il s’adresse en partie aux enfants – son récit linéaire est d’une limpidité absolue. Peut-être que cette histoire, d’ailleurs, pèche par moments par son manque de surprise : la relation entre Roz et Joli-Bec rappellera inévitablement certains marqueurs de celle qui unissait Harold et Krokmou. Pourtant, LE ROBOT SAUVAGE n’est jamais un décalque de DRAGONS mais plutôt son digne successeur – le lien est ici plus filial qu’amical ou fraternel, modifiant la résonance des enjeux. LE ROBOT SAUVAGE apparaît même presque comme l’aboutissement du style de Chris Sanders ou du moins, une étape encore plus affirmée. Le storytelling visuel, où l’imagerie possède une puissance indéfinissable, exige l’attention permanente du spectateur et la musique revêt un rôle narratif toujours plus important. Au cœur du film, une séquence de migration d’un quart d’heure, terrassante, repose ainsi en grande partie sur une chanson de Maren Morris et sur le score de Kris Bowers. L’esthétique pousse l’animation dans ses retranchements : quand DRAGONS optait pour une lumière naturaliste inédite, quand LES CROODS menait le design des visages à la limite de ce qui était « appréciable », LE ROBOT SAUVAGE embrasse un rendu aux coups de pinceaux et textures visibles, comme si Sanders et son équipe avaient animé les concept arts préparatoires. Un brio technique qui assure l’unicité du film et sert remarquablement l’expérience du spectateur : LE ROBOT SAUVAGE happe et enveloppe, l’immersion décuplant la portée de ses émotions, foudroyantes.

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Sortie : 09.10.24
Réalisateur : Chris Sanders
Avec : les voix originales de Lupita Nyong’o, Pedro Pascal, Kit Connor, Bill Nighy
Pays : États-Unis
Durée : 1h41
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