TWISTERS
Alors qu’ils effectuent une expérience afin d’obtenir une bourse de recherche, Kate Cooper et son équipe se retrouvent face à une tornade de catégorie 5. Des années plus tard, toujours traumatisée par l’événement, Cooper travaille pour une agence météo à New York, loin de la Tornado Alley du Midwest. Mais Javi, un ancien comparse, l’appelle pour requérir son aide : il doit tester un nouveau matériel qui permettrait, à terme, de sauver des vies. Kate replonge et le rejoint en Oklahoma… 28 ans après TWISTER de Jan de Bont, modèle de blockbusters 90’s qui brillait autant pour ses impeccables effets visuels que pour ses personnages solidement écrits et interprétés, voici une suite que plus personne n’attendait – Bill Paxton, costar du film originel, avait maintes fois tenté, en vain, d’en monter une avant sa mort. TWISTERS n’a de suite que son titre – il n’est même pas une legacyquel : il se déroule juste dans le même univers des chasseurs de tornades et la même région du Midwest américain, occasion pour moderniser le propos, parler de dérèglement climatique et de sa relation avec le capitalisme à outrance – sans creuser plus avant le sujet. Ce nouveau volet reprend toutefois un élément-clé de la dramaturgie du premier : au cœur du tumulte météorologique va se jouer aussi une tempête de sentiments. Et voilà Kate (Daisy Edgar-Jones) au centre d’un triangle amoureux avec Javi (Anthony Ramos) et Tyler (Glen Powell), YouTubeur tête brulée loin d’être teubé. Si la screwball entre Kate et Tyler fonctionne à plein dans la première moitié du film, notamment grâce à quelques répliques bien écrites et à l’alchimie qui unit Edgar-Jones et Powell, ce centre narratif se délite peu à peu pour révéler son peu d’intérêt et de grosses ficelles rebattues. D’autant que, dans le registre sexy séducteur, Powell use et abuse ici de son charme dévastateur avec une interprétation toute en force, comme s’il parodiait ses meilleures prestations ou craignait de ne pas être à la hauteur du spectacle. Il faut dire que, de ce côté, TWISTERS s’impose comme le digne successeur de son aîné avec quelques belles idées pyrotechniques – une centrale balayée par une tornade, qui s’enflamme –, et des effets visuels absolument irréprochables, le tout mis en valeur par la photographie organique (en pellicule !) de Dan Mindel. Une mise en images où TWISTERS déploie ses plus grandes qualités : dans sa captation des paysages de l’Oklahoma, des patelins balayés par des vents homériques, d’une Amérique traditionnelle idéalisée et solidaire, loin du trumpisme qui la ronge, le cinéaste Lee Isaac Chung (MINARI), né dans le Colorado et élevé en Arkansas, insuffle un regard personnel et tendre, totalement amoureux de son décor et de ceux qui l’habitent. Un cœur qui trouve son aboutissement dans le dernier acte où, lors d’un moment de poésie désormais rare dans de telles productions de studios, une tornade balaie le quatrième mur d’une salle de cinéma et emporte l’écran pour affirmer toute sa puissance dans un des plus beaux cadres dans le cadre de l’année. Rien que ce plan, remarquable, vaut bien le détour.
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Réalisateur : Lee Isaac Chung
Avec : Daisy Edgar-Jones, Glen Powell, Anthony Ramos, David Corenswet, Brandon Perea
Pays : États-Unis
Durée : 2h02